Vous avez sans doute déjà entendu ce fameux accent français-canadien si bien connu, mais saviez-vous qu’avant la fondation du Québec par Samuel de Champlain en 1608, il y avait déjà des francophones en Amérique du Nord, et qu’ils y sont toujours ?
Michel Fugain chantait en 1976 qu’il y a ‘dans un coin du Canada, des tas de gars, des tas de femmes, qui chantent dans la même langue que toi’. En effet, les Acadiens ont été les premiers francophones à s’installer partout au Canada. Venus principalement de Touraine et du Poitou mais déportés par les Anglais entre 1755 et 1763 vers les treize colonies américaines et l’Europe, suite aux guerres continues entre la France et l’Angleterre, certains Acadiens ont retrouvé le chemin de l’atlantique canadienne et aujourd’hui y sont toujours, ainsi qu’en Louisiane et en France.
Il est important de noter que bien que la majorité des francophones au Canada soit québécoise, il y a des minorités francophones dans toutes les provinces et territoires du pays. Hors Québec et en terme de nombre, nous retrouvons la plus grande population francophone en Ontario, suivi du Nouveau-Brunswick, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Dans un contexte minoritaire francophone, ils continuent aujourd’hui de livrer une bataille sans fin contre l’assimilation.
Les acadiens, eux, sont restés à l’abandon et isolés, donc la langue n’a pas beaucoup évolué et a donc gardé des sonorités et similitudes avec le français populaire parlé en France au début du 17e siècle. Les couleurs de cet accent s’étendent dans les provinces atlantiques – la Nouvelle-Ecosse (le berceau de l’Acadie), le Nouveau-Brunswick (la seule province canadienne officiellement bilingue), l’Ile-du-Prince-Edouard et Terre-Neuve-et-Labrador, mais sans oublier la Gaspésie, les îles de la Madeleine et le Québec.
Ce dernier a quant à lui su mieux résister vu que la province est majoritairement francophone, la seule l’étant officiellement. Suite à la guerre de la Conquête, où la France céda son territoire nord-américain à la Grande-Bretagne (à l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon), les 9000 colons restés au Québec se sont multipliés et, en combinant langue, politique et religion, ont résisté à l’assimilation. Puisque c’est une toute autre lignée de Français partie coloniser cette province - des colons de Normandie, Bretagne et l’Ile-de-France par exemple - cela explique la variété des accents et patois qui parsèment le pays ‘a mari usque ad mare’ (d’un océan à l’autre, la devise officielle du Canada)
Toutefois, l’influence de l’anglais américain s’entend partout. Les anglicismes constituent une des principales particularités du français en Amérique, leur forte présence due à la proximité de l’anglais depuis le 18e siècle :
Catiner - Câliner (un bébé), ou flatter comme le fait un chat, dériver de l’anglais cat signifiant chat
Fin - Ca veut dire être gentil, et ça vient de l’anglais fine qui signifie ‘bien’. ‘’Merci pour les fleurs, t’es ben fin !’’
Flyé - C’est un qualitatif donné à une personne qui agit ou qui est en dehors de la norme, qui se comporte de façon étrange ou de manière marginale. C’est dérivé du verbe anglais to fly qui signifie voler comme un oiseau.
Mon chum = Mon copain (mon amoureux ou mon conjoint) qui vient de l’anglais chum qui signifie ami
Frustré = Dérivé de l’anglais frustrated, qui a le même sens, se dit de quelqu’un très mécontent, fâché ou offensé.
Smatt = Quelqu’un de smatt est gentil et serviable, mais peut parfois prendre un sens péjoratif si c’est pour dire que la personne se croit supérieur. ‘’Il fait son smatt.’’ C’est une transformation du mot anglais smart qui signifie malin ou intelligent.
Bâdrer = Du verbe to bother qui signifie contrarier, au Canada ça veut dire déranger, embêter, incommoder. ‘’Je ne veux pas la bâdrer, elle est occupée.’’
Certaines expressions québécoises relèvent du vieux français, ou sont tout simplement le fun… ou amusante comme on dirait en France :
Ça a pas d’allure ! = C’est n’importe quoi !
Un char = une voiture, terme qui vient de la même famille que le char à voile, la charrette ou la charrue
Ma blonde = Ma copine (mon amoureuse ou ma conjointe)
Capoter = S’emballer
Jaser = Papoter
Avoir de la misère = Avoir de la difficulté
La cerise sur le sundae = La cerise sur le gâteau
Qui fait la job = Qui convient
Il pleut à boire debout = Il tombe des cordes
C’est correct = C’est très bien
Parler à travers son chapeau = Parler de sujets que l’on ne maîtrise pas
Beurrer épais = En faire trop, exagérer
Tirer la couverte de son bord = Littéralement tirer la couverture sur soi, figurativement récupérer tous les bénéfices
Mettre un bras dans le tordeur = Se retrouver entraîner dans l’engrenage sans le vouloir
Net-fret-sec = Brusquement
Avoir des bibittes = Avoir des soucis
Se faire brasser le canadien = Passer un mauvais quart d’heure, se prendre un savon
On y trouve aussi des termes qui s’utilisent également en France, mais avec des significations différentes :
Fête - Cela signifie l’anniversaire de naissance, et non la fête des saints dont la majorité des Canadiens ignorent l’existence. ‘’Bonne fête Julie ! Je t’ai fait un gâteau !’’
Choquer - Au Québec, le terme choqué est relié uniquement à la colère. Choqué s’emploie donc seulement dans le sens offensé, fâché et non pas pour exprimer la surprise.
Ecoeurant - Pour les Québécois, c’est une personne malhonnête ou un salaud, donc ça décrit plutôt une personne qu’une chose, telle que de la nourriture, comme en France.
Mitaines - Il faut certainement des mitaines en hiver au Canada ! Mais pour les Canadiens, les mitaines couvrent toute la main et il n’y a de séparation que pour le pouce. Des moufles quoi !
Croche - Ca peut désigner une personne malhonnête ou quelque chose qui n’est pas droit mais courbé ou incliné. ‘T’as coupé ça croche !’’ ‘’Son oncle est croche, il fraude les impôts.’’
En voilant quelques-unes des nombreuses différences dans la diaspora de la langue de Molière. Pour en apprendre plus, plusieurs ressources sont disponibles, dont Le Dictionnaire du français acadien d’Yves Cormier et Le Parler québécois pour les nuls
Intercountry est spécialisé dans la formation linguistique en entreprise.
Formation langue en entreprise
Formation CPF pour particuliers
2024
0Comment dire "je t'aime" en 13 langues2023
0Le français au Canada en quelques expressions2022
0Le picard, langue des ch’ti, en 10 expressions2021
0Comment apprendre l’arabe ?2020
0Les 10 expressions utiles pour écrire un e-mail en anglais2019
0Le Top 10 des anglicismes utilisés au quotidien en français mais qui ne sont pas anglais2018
0Formation présentielle ou à distance ? Avantages et inconvénientsLa certification qualité a été délivrée au titre de la catégorie d’action suivante :
actions de formation